La liberté donne le pouvoir, le pouvoir rend seul, la solitude rend libre. [LIBRE]

Elle aimait à dire qu'elle n'avait jamais froid, elle aimait à dire qu'elle était toujours de bonne humeur. Elle aimait passer pour quelqu'un qui n'avait aucun soucis, qui prenait la vie avec légèreté et philosophie. Elle aimait rêver, donner son opinion, montrer qu'elle n'était pas la même que les autres, elles aimait offrir des sourires aux gens quand elle les croisait et agiter la queue gentiment pour dire bonjour; puis passer son chemin et laisser dans son sillage une image d'elle sur lequel elle avait le total contrôle.
Et puis il y avait l'autre. Celle au fond d'elle, qu'elle ne contrôlait pas. Cette Nuage de Caprice que les autres ne connaissaient pas et qui était étrangère à ses propres yeux. Celle qui la poussait à fuir le camp, à aller se réfugier dans des buissons sur les territoires libres, qui lui faisait respirer la liberté et qui la rendait dépendante de ces virées en solitaire qui devenaient de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues. Elle avait déjà raté plusieurs entraînements, et s'était faite punir à rester au camp pendant deux jours à s'occuper des anciens et des reines, ainsi que d'aider la guérisseuse. Elle avait passer son temps à soupirer, à grogner, alors on avait compris qu'elle avait besoin de rester seule parfois; et on l'avait laisser continuer. Elle n'était pas indispensable, elle était banale; elle n'avait aucune capacité physique particulière. Ce n'était donc pas un chat auquel on courait après; il n'y avait que son père qui s'inquiétait pour elle, mais il était de plus en plus impliqué dans la vie du camp et avait fait pour choix de la laisser vivre sa vie. Elle était donc un peu près tranquille.

La neige crissait sous ses pattes quand elle était partie le matin même : elle n'avait pas pris de risque, son mentor était en patrouille et personne ne l'avait vue sortir. Elle avait pas mal de temps devant elle avant que quelqu'un ne remarque sa disparition. Caprice décida donc de se rendre à un endroit qu'elle avait découvert quelques jours plus tôt : une caverne derrière une cascade où se reflétait des ondes lumineuses magnifiques sur les murs et où elle pouvait rêver en paix et continuer d'espérer qu'un jour elle trouverait la solution. La solution a quoi, elle ne savait pas, mais juste un moyen d'accorder ce qu'elle pensait, ce qu'elle disait, et ce qu'elle faisait. Ce qui pour l'instant lui était totalement impossible.
La jeune apprentie pénétra habilement dans la grotte en prenant soin de sauter de rocher en rocher afin de ne pas se mouiller et se coucha sur le sol lisse et froid. Elle poussa un soupir et se surprit à se sentir horriblement seule. Elle plissa les yeux et sentit un frisson lui traverser le corps. Elle ne savait pas qui lui manquait, mais malgré sa recherche d'isolement, elle savait qu'elle se sentait seule. Et elle se haïssait quand elle n'était pas capable d'assumer ça.